Je ne crois pas me tromper en disant que tout à chacun a déjà expérimenté la douleur. Qui ne sait jamais tapé un orteil dans un coin de porte, fait une bosse en tombant petit ou s’est coupé en se rasant.
Avoir mal ou se faire mal est un peu quotidien, c’est notre corps qui nous dit « attention danger ». Aussi il est vrai qu’étant tous coutumiers des bobos du quotidien, que nous en avons tous l’expérience, il n’est pas rare lorsqu’une personne se plaint un peu plus ou plus souvent de douleurs ; on a tendance à minimiser sa douleur . On lui dit « oh ça va », « qu’est-ce tu es chochotte », « c’est dans ta tête »… je pense que ça parle à certains et certaines.
Dans mon cas lorsque j’avais mes règles, on n’a cessé de me dire c’était normal, les règle ça faisait mal, qu’il fallait que je fasse avec, toutes les femmes en passaient par là. N’empêche plus de 30 ans à souffrir grosse modo 3 à 5 jours par mois, sans parler de tous les symptômes de l’endométriose qui se sont ajoutés au fil du temps, ça fatigue le corps et la tête. Pour ce que est de mes douleurs articulaires, dorsales évidemment j’étais trop grosse et pas assez musclée.
C’est quoi cette société où l’on fait culpabiliser la personne qui souffre au lieu de la croire, chercher à savoir et à l’aider à aller mieux ?!?!?!? C’est une société guidée par la performance, la beauté, un idéal fantasque où le paraître est mieux que l’être. Une société pas bienveillante du tout.
Pour le coup tout au long de ma vie, j’ai bien assimilé ma leçon, j’ai fait avec. J’ai accumulé des années de douleurs (soit grosso modo 3 ans concernant mes règles), de dettes de sommeil durant toute ses années à souffrir.
Après mon burn-out lorsque mon corps a fait son feu d’artifice, il s’en est donné à cœur joie niveau douleurs lorsque j’avais des poussées inflammatoires et que j’étais indisposée. Maintenant que j’étais attentive, son message était débridé !!! J’avais l’impression que des camions me passaient dessus à longueur de journée et ce plusieurs jours. J’étais au bout de ma vie. J’essayais quand même de travailler et je me prenais des réflexions de mes employées et de ma mère pour mon manque d’amabilité. Deuxième effet kiss-cool de ma souffrance, l’envie de meurtre. Franchement oui, j’avais envie de tuer. Il ne fallait pas me parler, me regarder. Rien ! Lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il bascule dans la folie meurtrière alors que rien ne le laissait présager, je le comprends. Fort heureusement depuis j’ai été diagnostiquée et mis sous traitement même si j’ai encore des douleurs quotidiennes, ce n’est infinitésimal en rapport à ce que j’ai pu vivre.
Ce qui est pénible en plus de la douleur à proprement dit, c’est l’intense fatigue qui l’accompagne. Et là personnellement, ça a été presque le plus dur à gérer(la douleur,je m’y étais « habituée »). La fatigue intense, profonde il n’y a pas grand-chose à faire à part un repos total (du corps et de l’esprit) et long. Lorsqu’on est actif autant dire que c’est impossible. Les 3 dernières années que j’ai pris pour moi n’ont vraiment pas été du luxe, et les temps de repos que je prends au quotidien sont vraiment nécessaires à mon équilibre physique et psychique.
La douleur physique est quelque chose de difficile mais entre guillemets explicable et rationnelle. En revanche lorsqu’on est atteint d’une douleur psychologique, morale, émotionnelle on plonge dans encore plus d’irréel.
C’est difficile lorsque dans la tête ça va mal, le mal-être, la dépression, sa propre dépréciation, … sont installés. Il n’y a bien souvent aucune manifestation physique, extérieure donc encore plus difficile à voir et à comprendre pour toute personne de l’entourage. Ou encore il faut être attentif à tout changement de comportement. Surtout que d’apparence (dixit les autres) « vous avez tout pour être bien, heureux ». Mais là encore c’est un vécu personnel, ce n’est pas possible pour autrui de vivre et certainement pas comprendre ce qui se passe. Quant bien même pour en arriver là, faut-il encore avoir conscience soi-même de cette douleur morale, psychologique,et compréhension ce qui se passe.
Une fois cet acquis et cette prise de conscience, il n’y a aucun tort ou mal à aller voir un praticien adéquat. Vous avez mal aux articulations vous allez voir un rhumatologue, vous avez mal au yeux vous allez voir un ophtalmologue. Pourquoi lorsqu’il s’agit de nos maux internes c’est tabou d’aller voir un psy, un sophrologue, un hypnotiseur … Comme pour nos douleurs physiques il y a des praticiens pour nos douleurs internes. C’est important pour soi, il me semble de comprendre ce qui se passe, pourquoi ça se passe, pourquoi maintenant…C’est important pour trouver où retrouver son équilibre avec un grand E ou alignement ( corps/tête /cœur).
Dans cette dernière partie je vais brièvement aborder une douleur particulière pour moi, et dont parfois je me passerai bien, c’est la douleur d’autrui que je ressens par mon empathie. Il m’arrive de ressentir vraiment physiquement ce que ressens l’autre ( je vous rassure je ressens aussi les bonnes choses). Il m’ait même arrivé d’ « attraper » des symptômes d’une autre personne. Par exemple plus jeune, j’étais avec un homme et quand j’avais mes règles je me cognais des migraines. Jusque là je n’en avais jamais eu. Un jour en discutant avec sa mère que je voyais régulièrement, j’ai appris que de toute jeune lorsqu’elle était indisposée elle avait des migraines. J’ai trouvé ça étrange. Du jour où l’on s’est séparé avec son fils et que je ne l’ai plus fréquenté non plus, je n’ai plus jamais eu une seule migraine.
Ayant au fil du temps compris et apprivoisé aussi mon empathie, j’ai appris à mettre certaines protections pour éviter d’être trop envahie par des choses néfastes, fatigantes pour moi.
La douleur quelle qu’elle soit évoque quoi en vous ? Quel est votre seuil de tolérance ?
Une vie de douleurs c’est lourd… d’autant plus quand elle est minimisée par l’entourage… double peine… les diagnostics arrivent trop tardivement… et du coup la prise en charge aussi… bien souvent tu te fade des séquelles… c’est insupportable…
Tellement peu d’écoute, tellement peu de compassion même provenant des soignants. L’errance lors du diagnostic est horrible.