On pourrait avoir l’impression que la charge mentale est nouvelle. On en parle plus au même titre que le post-partum ou encore le burn-out. C’est juste qu’on met enfin un nom sur des phénomènes internes qui ont toujours existé et qui en revanche je pense ont tendance à s’accentuer avec la pression et les exigences sociales croissantes.
Dans notre quotidien, on subit les injonctions de perfection et de rentabilité de la société qui rajoute du stress et de la fameuse charge mentale à notre vie.
Dans le monde du travail, chacun a des objectifs à atteindre voir à dépasser sans cesse en donnant tout pour l’entreprise, pour pouvoir gagner plus, dépenser plus, rémunérer plus les actionnaires… On se doit d’être meilleur que untel ou untel, toujours se dépasser bien souvent en ne respectant pas ou ne respectant pas autrui, en oubliant sa famille et ses devoirs familiaux. Certain(e)s ont cet état d’esprit de la gagne et toutes les compétences requises pour sans état d’âme, pour les autres c’est très compliqué et source de difficultés.
D’ailleurs, on nous demande d’être un(e) travailleu(se)r exemplaire qui ne compte pas ses heures,mais en parallèle et c’est surtout valable pour les femmes, on nous demande d’être un parent irréprochable, parfait qui élève un ou des enfants parfaits. Enfant qui subissent tôt cette même charge mentale de perfection, compétition… parce que « c’est la vie »…Laissez-moi en douter.
Il y a quelques temps je m’en faisais la réflexion, par rapport à un couple que je connais qui a un jeune enfant, comment est-il possible aujourd’hui de conjuguer une vie professionnelle et vie personnelle pour qu’elles soient épanouissantes ? Concrètement une journée dure 24h. Idéalement pour un bon repos et une bonne santé, il faudrait dormir 8H/24h, consacrer 8h à son travail et 8h à sa famille et soi (bien-être, loisirs,…). Mais qui dans la réalité y arrive ? Le travail dans la réalité entre le levé, la préparation, le déplacement (mentalement on est déjà dans le travail) et les heures effectives de travail, ça prend facilement 10 à 12h de vos 24h . Qui est sacrifié à ce moment là ? Bien souvent le repos, le sommeil qui sont essentiels à notre bonne forme et la vie de famille/sociale toute aussi importante pour l’équilibre, qui se retrouve de moins bonne qualité car impactée par la fatigue et souvent la charge mentale professionnelle. C’est un cercle vicieux.
Autre charge mentale de notre époque, c’est le poids de chacun sur la Nature. Comment moins consommer, comment moins polluer, comment être plus responsable… ? à notre échelle individuelle alors que certaines multinationales polluent l’air, la mer et le ciel sans vergogne à grande échelle. On nous culpabilise en permanence alors que concrètement aucunes solutions viables et accessibles à tous ne sont proposées.
Des nouvelles démarches écologiques sont mises en œuvres comme dans l’agriculture par exemple où les chevaux sont réintroduits dans les vignes ou les champs pour le désherbages. On retrouve d’anciennes méthodes de fertilisation, de répulsifs insecticides… mais c’est à se demander si parfois on ne nous prend pas pour des cons. D’autant que certains maraîchers se sont aperçus qu’ils avaient d’aussi bons voir meilleurs rendements avec les méthodes anciennes qui respectent la nature qu’avec l’emploi de la chimie.
A la charge mentale écologique s’ajoute la charge mentale économique. Avec l’inflation il devient difficile de conjuguer écologie et économie. Quoique de grès ou de force, beaucoup de ménages mangent moins, consomment moins d’électricité , d’eau et de vêtements au vue des factures qui atteignent des sommets jamais vu pour notre génération.
Un peu plus chaque jour, La charge mentale s’accentue sur chacun parce qu’au final on se demande de quoi notre lendemain sera fait. Est-ce que demain j’aurai toujours mon emploi ? Est-ce que mes enfants seront des bons citoyens avec un bon travail ? Quelle planète laisserons-nous aux prochaines générations ? …
De mon côté, évidemment que j’ai une charge mentale commune à beaucoup de monde, sauf peut-être celle concernant les enfants vu que j’en ai pas, mais je pense à mes neveux, aux enfants de ma famille, proches.
Mais j’en ai une qui risque de faire sourire mais je pense que beaucoup de malades chroniques s’y retrouveront : c’est la gestion de ma santé, de mon quotidien par rapport à ma santé.
Oui je sais c’est bête, tout à chacun est sensé faire attention à sa santé en ne se mettant pas en danger et en ayant une bonne hygiène de vie.
Quotidiennement en fait je dois réfléchir à ce que j’ai de prévu comme rdv par exemple pour savoir comment organiser le reste de ma journée avec mes autres tâches, mes loisirs pour ne pas me retrouver épuisée. Je pense que j’en ai déjà parlé de la théorie des cuillères de Christine Miserandino, qui symbolise l’énergie quotidienne par un nombre de cuillères dont on dispose au réveil et qu’on utiliser sur la journée et selon l’énergie disponible chaque jour. Il y a des jours où ces cuillères théoriques seront plus ou moins vite dépensées selon l’énergie disponible et ou les activités du jour. Et ça je dois y penser tous les jours, ne pas faire que selon mes envies ou ce que ma tête souhaiterai pour ne pas me mettre toute seule dans la mouise. La semaine dernière par exemple je me sentais bien en forme. De lundi à jeudi mes journées ont été bien remplies, en fin de semaine j’étais en PLS. Tant pis pour moi !Ce week-end j’ai dû me reposer plus qu’à l’accoutumée.
Une autre chose qui m’ajoute de la charge mentale, ce sont mes traitements. Déjà ne pas les oublier, les prendre, au bon moment, ne pas les doubler… et j’ai un rapport limite schizophrénique avec eux : d’un côté je sais qu’ils me soignent mais de l’autre au long terme je ne sais pas quelles conséquences ils auront sur moi, mon organisme, ma tête. Le pire de tout, je crois c’était pour mes injections d’Enbrel, s’infliger toutes les semaines cette douleur avec inoculation d’un produit qui me soulageait mais qui en même temps comprenait beaucoup de risques. Ça me rendait dingue§ demain si je devais être obligée de reprendre des immunosuppresseurs, j’avoue que je pense que je serai incapable à nouveau de me piquer.
Malgré le fait que je sois une bonne vivante, je me dois aussi de contrôler ce que je mange et bois. Ou sinon je le paye cash : reflux, divers et variés problèmes gastro-intestinaux, acidités dans le corps = poussées inflammatoires, blocages, sans parler de la prise de poids qui est vite arrivée mais pas du tout vite perdue. L’endocrinologue m’a dit que c’était normal vu mon terrain inflammatoire. Super, merci et au revoir.Même au niveau de mes activités physiques, indispensables lorsqu’on est malade, je dois gérer en permanence mon effort, trouver le juste milieu… et le tout avec le sourire et sans culpabiliser.
Parce que bien sûr, la cerise sur le gâteau, même si j’ai réussi de ce côté là à prendre de la distance ; je dois gérer le regard des autres sur ma vie, ma santé, ce que je fais ou pas , malgré mon âge, mon apparence …Il est vrai que je fais moins que mon âge et que mon handicap est invisible, et pourtant il est bien là. Mon endométriose et ma spondylarthrite ankylosante sont bien là, ma fatigue chronique est bien là, je suis mi-vieille (merci Maxime), ma Charge Mentale est là mais heureusement que ma résilience, ma bienveillance, ma bonne humeur, mon humour, ma positive attitude et mon entourage sont aussi là.
Quelque soit le domaine dans lequel on se sent dépassé, surchargé je crois qu’il est important de savoir faire le tri dans toutes les données pour savoir lesquelles sont essentielles, qui peuvent attendre ou inutiles. Et surtout, il est plus qu’important d’apprendre à savoir demander de l’aide et d’apprendre à se constituer autour de soi une team sur laquelle on va pouvoir compter et qui va pouvoir compter en retour sur soi quand c’est possible. Nul n’est invincible et infaillible.