L’autre soir, je discutais avec une amie et on constatait que plus on avançait dans le temps moins on comprenait le monde qui nous entourait, dans lequel on évoluait.
Je me rappelle lorsque j’étais jeune je pensais tout savoir. J’étais pleine de certitudes. Je m’imaginais mon chemin tout tracé,un peu comme le reflet de ce qu’attendait la société, mes parents de moi …
J’étais persuadée d’être incomprise par les adultes, les « vieux ». J’étais encore plus persuadée qu’ils ne comprenaient rien à rien.
Tout semblait imaginé, tracé mais flou, en devenir,à construire.
J’avais l’exemple de mes parents, je me disais que je ferai certaines choses différemment et peut-être même mieux.
J’avais ma propre expérience de vie avec mon parcours médicale, qui m’a apporté une certaine vision de la vie, parfois aussi incomprise par les adultes. Ça m’a appris tôt la lutte, que la vie n’est pas un long fleuve tranquille et tout rose. Au fil des années ça s’est confirmé.
Personnellement j’avais plein d’envie, de projets, très différents des uns des autres. J’ai toujours été quelqu’un d’assez dispersé. C’est toujours l’un de mes défauts.
J’avançais dans la vie avec confiance et force.
Aujourd’hui j’ai 44 ans et je suis un peu perdue. Je sais que maintenant la « la vieille » c’est moi et je m’étais imaginée qu’avec le temps tout devenait de plus en plus limpide.
Et bien au contraire, j’observe la société, le monde autour de moi et j’y pige de moins en moins grand chose. C’est normal que le monde avance et évolue mais parfois j’ai plus l’impression qu’il régresse. J’ai le sentiment d’un retour à la bestialité, à l’ensauvagement d’une certaine partie de la population. Quand on voit la proportion de destructions, d’émeutes qui ont suivi le décès de Naël, c’est quand même questionnant tant de colère, de haine au point de vouloir tout détruire même les biens d’autres personnes dans la même situation qu’eux.
Lorsque je vois aussi le monde politique ça me fait réfléchir aussi. Les extrêmes droites un peu partout dans le monde sont de plus en plus présentes, représentées et actives.
Au niveau économique, … que dire on paie tous nos courses, notre carburant, nos factures et on voit que ça ne fait qu’augmenter et notre niveau de vie baisser. Je me demande quelle est l’ambition finale.
J’ai l’impression d’avoir fait un saut dans mes livres d’Histoire, de 100 ans en arrière avec la montée des nationalismes, un conflit dans les Balkans, la crise de 29 … Ça me laisse perplexe que l’Histoire se répète encore et toujours. C’est à se demander pourquoi on l’écrit cette Histoire.
La nature humaine m’épatera toujours aussi bien dans le bon que le mauvais. On évolue pas tant que ça pour finir, on a des fondamentaux auxquels on s’accroche pour (sur)vivre. Une autre chose qui me caractérise, je réfléchis beaucoup, peut-être trop.
Que j’ai dû mal à suivre les nouvelles générations, c’est logique. A chaque époque, période de vie, on se construit un monde avec ses références. C’est là aussi qu’on voit que le « vieux » maintenant c’est toi, moi … parce qu’ en générale on essaie de suivre cette jeunesse, de la comprendre et que finalement on pense ou on lui dit un truc du genre « à mon époque c’était quand même mieux », « c’était différent », « si je peux te conseiller de faire comme si, comme ça » … là tu peux te dire que tu as entamé la descente. MDR
Pour en revenir à cette jeunesse, je la trouve assez décadente, inculte, superficielle, irrespectueuse. Ce n’est pas une généralité non plus, mais c’est marquant. Ma génération on était encore peut-être naïf, trop.
Ou je commence à être vraiment vieille.
Finalement accepter de plus comprendre ce monde tout en continuant à essayer de le saisir, d’en faire partie, de le laisser prendre son chemin, faire ses erreurs ne serait pas ça la sagesse ? C’est ce qu’on s’est dit avec cette amie.
Accepter de ne pas savoir et de continuer à apprendre, désapprendre et réapprendre.
Rétrospectivement, je comprends mieux les « vieux » de quand j’étais jeune, eux aussi faisaient face à un mystère avec lequel ils devaient avancer. Mystère aussi bien technologique, que sociétal ou encore politique. Ils faisaient de leur mieux avec leurs bagages.
Et bien respect à toutes les personnes passées, présentes et futures, jeunes, vieilles, mi-vieilles qui font de leur mieux pour rester « dans le coup » en acceptant le changement, la différence, l’incompréhensible.
